5.
La règle du triple retour

 

Samhain, 31 octobre 1978

 

Mes parents viennent de lire mon Livre des Ombres, et ils l’ont trouvé bien maigre. Selon eux, je devrais y écrire plus souvent pour expliquer les différentes phases de la Lune, la progression du Soleil, les mouvements des marées, la position des étoiles et tout le reste. Quand je leur ai dit que c’était inutile vu que tout le monde connaissait ces choses, maman m’a répondu que c’était pour mes futurs enfants, pour les sorciers et sorcières qui viendront après moi. Je devrais alors leur faire lire ce livre comme eux m’ont fait lire les leurs. Ils en ont cinq maintenant, des gros volumes noirs bien épais, rangés près de la cheminée. Quand j’étais petite, je pensais que c’étaient des albums de photos. En y repensant aujourd’hui, ça me fait rire : des photos de sorcières !

Moi, tous mes sorts et toutes mes connaissances sont dans ma tête. J’aurai bien le temps de les noter plus tard. Quand je serai à la retraite ! Je préfère écrire mes pensées, mes sentiments. Mais ça, je n’ai pas envie que mes parents tombent dessus ! Déjà qu’ils ont hurlé en lisant que j’avais embrassé Angus ! Comme ils le connaissent et qu’ils l’aiment bien, ça va. Ils le voient assez souvent, maintenant que j’ai pris ma décision. Angus est gentil et de toute façon, c’est le seul garçon de mon âge. Je n’ai pas trop le choix, en fait, si je veux vivre pleinement et fonder une famille. Heureusement pour moi, Angus est adorable !

Voici un sort imparable pour qu’une personne cesse de vous aimer : pendant que la lune décroît, récolter quatre poils d’un chat noir, mais complètement noir, sans aucun poil blanc. Prendre une bougie blanche, les pétales séchés de trois roses rouges et une longueur de ficelle. Écrire son nom et celui de la personne visée sur deux bouts de papier et les attacher à chaque extrémité de la ficelle.

Aller dehors (ça marche mieux lors de la nouvelle lune, ou la veille). Installer l’autel, purifier le cercle, invoquer la Déesse. Allumer la bougie blanche. Disposer les pétales autour de la bougie, placer les poils de chat aux quatre points cardinaux : nord, sud, est, ouest. (Les coincer avec des pierres si la nuit est venteuse.) Allumer la bougie et tendre la ficelle au-dessus de la flamme, à environ dix centimètres. Ensuite, réciter :

 

Ainsi que la lune, ton amour décroît,

Me voilà aigle, je ne suis plus ta proie,

À un autre visage plus beau que le mien,

Tu pourras donner ton amour demain.

 

Répéter jusqu’à ce que la ficelle cède en son milieu et que les deux noms soient séparés pour toujours. Ne pas le faire sous le coup de la colère, car l’être aimé ne vous aimera plus jamais. Il faut vraiment être sûr de vouloir se débarrasser de quelqu’un.

 

Bradhadair

 

P-S : Les poils de chat ne servent à rien. Je les ai ajoutés pour le côté mystérieux.

 

 

* * *

 

 

Quand mes parents et Mary K. sont rentrés en fin d’après-midi, ils m’ont trouvée dans la cuisine en train de manger des lasagnes et m’ont dévisagée comme s’ils ne m’avaient jamais vue.

— Morgan… a lâché mon père avant de s’éclaircir la voix. Ses yeux étaient rougis et son visage semblait plus ridé que d’habitude. Sa chevelure noire et clairsemée était plaquée sur son crâne. Des mèches trop longues rebiquaient sur les côtés. Ses grosses lunettes lui donnaient un peu l’air d’une chouette.

— Oui ? ai-je fait en avalant une gorgée de soda.

La froideur de mon ton m’a étonnée moi-même.

— Tout va bien ?

Quelle question stupide ! Je reconnaissais bien là le côté naïf de mon père.

— Voyons voir, j’ai découvert ce matin que j’avais été adoptée et j’ai passé la journée à ressasser le fait que vous me mentez depuis toujours. À part ça, oui, j’imagine qu’on peut dire que tout va bien, ai-je conclu dans un haussement d’épaules.

J’ai cru que ma sœur allait éclater en sanglots. En fait, elle semblait avoir pleuré toute la journée.

— Morgan, a repris ma mère, nous avons peut-être eu tort de ne rien te dire. Mais sache que nous avions nos raisons. Nous t’aimons, et nous sommes toujours tes parents. C’est la seule chose qui compte.

— Quoi ?! ai-je riposté en perdant le peu de sang-froid qui me restait. Il n’y avait aucune raison de me cacher le fait le plus important de toute ma vie ! Aucune !

— Morgan, ça suffit, est intervenue Mary K., la voix tremblotante. On est une famille. Je veux que tu sois ma sœur, pour toujours.

Elle s’est mise à pleurer et j’ai senti ma gorge se serrer.

— Moi aussi, Mary K., ai-je répondu en me levant. Mais je ne sais plus quoi penser… Qu’est-ce qui est vrai ? qu’est-ce qui ne l’est pas ?…

Pour le coup, elle a vraiment éclaté en sanglots et s’est blottie contre l’épaule de notre père.

Ma mère s’est approchée pour me prendre dans ses bras, mais j’ai reculé. À cet instant, l’idée qu’elle me touche m’était insupportable. Mon geste l’a visiblement peinée.

— Il vaut mieux que nous en restions là pour aujourd’hui, a déclaré mon père. Il va nous falloir du temps. Tout le monde a reçu un choc. Morgan, je te demanderai seulement de m’écouter sur ce point : ta mère et moi avons deux filles, que nous aimons plus que tout au monde. Tu m’entends ? Deux filles.

— Mary K. est votre fille, ai-je répondu, la voix brisée par le chagrin. Mais moi, je ne suis personne !

— Ne dis pas ça ! s’est écriée ma mère, dévastée.

— Vous êtes toutes les deux nos filles, a répété mon père. Et vous le serez toujours.

C’était la chose la plus réconfortante qu’il pouvait dire et j’ai fondu en larmes. J’étais tellement épuisée, physiquement et émotionnellement, que je me suis traînée jusqu’à ma chambre pour m’effondrer sur mon lit.

Alors que je rêvais à moitié, ma mère est entrée et s’est assise au bord du lit. Elle m’a caressé les cheveux doucement, et le rêve avec mon autre mère m’est revenu. Peut-être que ce n’était pas un rêve, mais un souvenir.

— Maman…

— Chut, ma puce, dors. Je voulais simplement te dire que je t’aime, que je suis ta mère et que je t’ai considérée comme ma fille dès le jour où j’ai posé les yeux sur toi.

J’aurais voulu protester, lui dire qu’elle se trompait, mais je me suis endormie. Je sentais que mon oreiller était trempé de larmes, sans savoir si c’étaient les siennes ou les miennes.

 

* * *

 

Le lendemain matin, tout s’est déroulé de façon si normale que c’en était bizarre. Comme d’habitude, nos parents étaient partis travailler avant même qu’on se lève et, comme d’habitude, Mary K. m’a hurlé dessus pour que je ne traîne pas sous la douche. Moi, je me préparais mentalement à affronter la journée.

Tandis que je buvais un Coca light en jetant mes livres dans mon sac, Mary K. m’observait sans rien dire, le visage pâle et les traits tirés.

— Je veux que tu arrêtes tout ça, a-t-elle finalement murmuré, si bas que je l’ai à peine entendue. Je veux que tout redevienne comme avant.

J’ai soupiré. Je n’avais jamais été jalouse de Mary K., je ne m’étais jamais sentie en compétition avec elle. J’avais toujours eu une attitude protectrice. Je me suis demandé si les choses allaient changer. En tout cas, la voir souffrir me peinait toujours autant.

— Je suis désolée, Mary K., mais c’est trop tard. Je dois connaître la vérité. Y en a marre des secrets.

Elle a levé les mains en l’air un instant pendant qu’elle cherchait une réponse. Comme il n’y avait rien à ajouter, nous avons pris nos sacs pour monter dans Das Boot.

Sur le parking du lycée, Cal est venu à notre rencontre. Ma sœur l’a dévisagé, comme pour découvrir à quel point il était impliqué dans toute cette histoire. Il a soutenu son regard, l’air compatissant.

— Salut, moi, c’est Cal. On n’a pas encore été présentés, je crois.

— Je sais très bien qui tu es, a rétorqué Mary K. Toi aussi, tu pratiques la sorcellerie ?

— Mary K. ! ai-je rugi, mais Cal m’a interrompue aussitôt.

— C’est bon, a-t-il dit. Oui, je pratique la sorcellerie avec Morgan. Mais nous ne faisons rien de mal.

— Rien de mal ? Parle pour toi ! a lâché ma sœur avant de nous planter là pour aller rejoindre ses copines.

Je me suis demandé ce qu’elle leur dirait. Quand Bakker Blackburn, son petit copain, est arrivé, elle s’est éloignée avec lui.

— Et toi, comment ça va ? m’a interrogée Cal en m’embrassant sur le front. Je me suis fait du souci pour toi. J’ai appelé hier soir, mais ta mère m’a dit que tu dormais.

Tout le monde sur le parking nous observait : Alessandra, Nell, Justin et les autres. Forcément, comment ne pas s’étonner que Cal, le dieu vivant, sorte avec Morgan, Miss Planche à pain ?

— Oh ! ça va, lui ai-je répondu. J’ai juste l’impression que mon cerveau a fermé boutique. C’est gentil d’avoir appelé. Je te raconterai tout après les cours.

Il a passé son bras autour de mes épaules et nous nous sommes dirigés vers les bancs où les membres de Cirrus, notre coven – nous n’étions plus simplement un groupe de copains –, avaient l’habitude de traîner.

Tout le monde nous a regardés arriver, sauf Bree, qui ne s’intéressait manifestement qu’à ses nouvelles bottes en daim. Dire que, deux semaines auparavant, c’était ma meilleure amie, la personne que j’aimais le plus au monde après ma famille, celle qui me connaissait le mieux…

Quelque part, je tenais encore à elle, je voulais lui confier mes malheurs. Même si c’était impossible. J’ai envisagé d’en parler à mes autres amies, comme Tamara ou Janice, mais je savais que j’en serais incapable.

— Salut, Morgan, salut, Cal, a dit Jenna avec sa bonne humeur habituelle.

Matt était assis à côté d’elle, un bras passé autour de ses épaules. Quand Jenna a eu une petite quinte de toux, il l’a scrutée d’un air soucieux. Elle a secoué la tête et lui a souri.

— Salut, Jenna, salut, tout le monde, ai-je répondu.

Raven me fusillait du regard. Ses yeux sombres, aux paupières soulignées d’un épais trait d’eye-liner et couvertes de paillettes, envoyaient des éclairs. Elle aussi voulait Cal pour elle toute seule, comme Bree. Comme moi…

— C’était vraiment génial, samedi soir, quand on a fêté Samhain, a déclaré Sharon en prononçant le mot correctement : S-o-w-e-n. Je me sens vraiment différente, depuis.

Pour une fois, ses sourcils haussés ne lui donnaient pas tant l’air snob que songeuse.

Sans vraiment y penser, j’ai déployé mes sens, tout doucement, pour essayer de deviner les sentiments de ceux qui m’entouraient.

Une petite voix m’a soufflé que, peut-être, les émotions de mes amis devaient rester privées. Elles n’appartenaient qu’à eux.

Jenna était telle qu’elle apparaissait : ouverte et gentille. Matt donnait la même impression, mais je pressentais qu’il dissimulait une petite zone sombre tout au fond de lui. Cal… Cal m’a fixée, surpris, quand il a senti que je frôlais son esprit. Soudain, il m’a transmis une bouffée de désir brûlant qui m’a fait rougir jusqu’aux oreilles. Il m’a lancé un regard, comme pour dire : « Tu l’as cherché ! »

Ethan avait une personnalité intéressante, une vraie mosaïque de pensées et de sentiments, de méfiance contenue, de poésie et de déception. Sharon semblait plus calme qu’à l’accoutumée. J’ai aussi entrevu une tendresse timide, embarrassée… Pour qui ? Ethan ?

Beth, la meilleure amie de Raven, avait l’air de s’ennuyer ferme. Mon autre meilleur ami, Robbie, m’a étonnée : je lisais en lui une certaine colère, du désir et des sentiments réprimés qu’il dissimulait à tous. Qui en était la cible ? Je l’ignorais.

Mais celles qui m’ont le plus stupéfaite, ce sont Bree et Raven. Toutes les deux envoyaient des vagues de colère noire et de jalousie, envers moi et, dans une moindre mesure, envers Cal. C’était clair, mon ex-meilleure amie me détestait et me considérait maintenant comme sa pire ennemie.

— Alors, tes parents ont apprécié la lecture ? m’a-t-elle demandé en évitant mon regard.

Je n’ai pas su quoi répondre à cet affront. Quel culot ! Si seulement elle savait ce que sa vengeance avait entraîné… Voyant mon trouble, Cal m’a pris la main et l’a serrée gentiment.

— De quoi tu parles, Bree ? l’a interrogée Robbie.

— Oh ! rien d’important.

C’est ça, tu as simplement fichu ma vie en l’air, ai-je pensé.

— Si tu le dis, a répondu Robbie en enlevant ses lunettes pour se frotter les yeux.

Le sort que je lui avais lancé la semaine précédente avait fait des miracles. Il était à peine reconnaissable : non seulement son acné avait disparu, mais les cicatrices qui grêlaient son visage appartenaient elles aussi à l’histoire ancienne ; de plus, son nez jadis gonflé et rougi était maintenant parfaitement droit, et même ses lèvres semblaient plus pleines.

— Bon sang ! a-t-il continué. Quelqu’un aurait de l’aspirine ? J’ai un mal de crâne horrible.

Sharon lui a donné un cachet, sous les moqueries d’Ethan. Notre coven avait réuni des gens très différents, les cool et les losers, les têtes et les cancres, les shootés et les petites princesses. Je ne me lassais pas de les regarder interagir.

— En tout cas, j’ai beaucoup apprécié notre réunion de samedi, est intervenu Cal. Je suis content que vous soyez tous venus. C’était une très bonne façon de célébrer le plus important des sabbats.

— Le cercle était incroyable, a lancé Jenna. Et Morgan nous a tous impressionnés.

Gênée, j’ai baissé la tête, un petit sourire aux lèvres.

— Yule arrive bientôt, dans deux mois à peine, a dit Sharon.

— On pourrait peut-être se retrouver pour fêter Yule, ai-je suggéré.

J’ai aperçu le regard méprisant que m’ont jeté Raven et Bree, à croire que j’étais une petite sœur collante et non la plus douée des apprentis de notre coven. Ça m’a énervée et, en voyant une grosse feuille tourbillonner vers nous, je me suis concentrée pour la guider vers la tête de Raven par la seule force de mon esprit.

Sans la lâcher un instant des yeux, je l’ai accompagnée jusqu’aux cheveux noirs et brillants où elle s’est posée comme une crêpe.

J’ai éclaté de rire, fière de moi, et bientôt tout le monde m’a imitée, sauf Cal.

— Qu’est-ce qu’il y a ? a aboyé Raven. Qu’est-ce que vous regardez comme ça ?

Même Bree a dû s’empêcher de pouffer tandis qu’elle chassait la feuille d’un geste gracieux.

— Ce n’est qu’une feuille, lui a-t-elle dit.

La sonnerie a retenti et nous avons tous ramassé nos sacs pour aller en cours.

J’avais encore le sourire aux lèvres quand Cal m’a chuchoté à l’oreille :

— N’oublie pas la règle du triple retour.

Puis il m’a caressé la joue avant de partir de son côté.

La règle du triple retour est l’un des principes fondamentaux de la Wicca. En gros, cela signifie que chacune de nos actions, bonnes ou mauvaises, nous revient triplement. Cal venait de me faire comprendre deux choses. Premièrement, il savait que j’avais délibérément pris le contrôle de la feuille. Deuxièmement, il avait deviné mes motifs mesquins. Et ça, c’était pas cool.

Profitant du départ de Cal, Raven m’a lancé méchamment :

— OK, t’as gagné, il est à toi… pour le moment. Mais tu crois vraiment que ça va durer, entre vous ?

— C’est vrai, a murmuré Bree. Attends un peu qu’il découvre que t’es vierge. Il va être ravi !

J’ai piqué un fard en repensant aux mains de Cal sous mon sweat, à mon sursaut paniqué.

— C’est vrai, elle est encore vierge ? a répété Raven en haussant les sourcils.

— Oh ! Raven, laisse tomber, a soupiré Beth en passant près d’elle.

Raven l’a dévisagée un instant, surprise, puis a reporté son attention sur moi. Bree et elle ont éclaté de rire à mes dépens. J’ai foudroyé mon ex-meilleure amie du regard. Comment avait-elle pu révéler un truc si intime ? Les lèvres pincées, je me suis dirigée vers ma classe.

— Allez, Raven, a ajouté Bree dans mon dos. Y a qu’à la regarder pour savoir qu’il ne sort pas avec elle pour ça.

Je n’arrivais pas à y croire ! Alors que Bree avait passé des années à me rassurer sur mon physique, elle prenait maintenant un malin plaisir à me démolir…

— C’est vrai, tout le monde sait qu’il a craqué à cause de ses pouvoirs !

J’ai couru jusqu’à la salle de classe, poursuivie par l’écho de leurs rires. Quelles garces ! Je les aurais tuées de mes mains si j’avais pu. J’étais tellement furieuse qu’il m’a fallu dix minutes pour réussir à me concentrer sur ce que disait le prof.

L’espace d’un instant, je me suis réjouie d’avoir été mesquine envers Raven. J’aurais dû l’être dix fois plus. Je n’y pouvais rien. J’avais envie de les faire souffrir. De les voir malheureuses.

L'éveil
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